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Voilà, je suis malheureux de trouver chez un économiste de renom (désormais catalogué à gauche depuis sa démonstration de l’inanité de la baisse fiscale promise par Sarkozy alors candidat) la confimation de mes craintes concernant le projet de loi de Sarkozy. Malheureux car l’échec est toujours une mauvaise nouvelle.
Voici donc son raisonnement, à Piketty, que je pressentais :
Surtout, l’expérience passée montre que le rendement économique des aides fiscales au logement est extrêmement faible. Qu’il s’agisse des subventions à l’immobilier locatif, des allocations logement… ou de la déduction des intérêts d’emprunt (pratiquée en France jusqu’en 1997), toutes les évaluations disponibles indiquent que ces aides se transmettent presque intégralement en inflation immobilière, sans réel impact sur la construction et les conditions de logement. Gabrielle Fack a ainsi montré que 80 % des hausses d’allocations logement ont été absorbées par des hausses de loyer. Le même mécanisme s’appliquera probablement aux intérêts d’emprunt. Pour une raison simple : ces aides donnent l’illusion aux ménages d’être plus solvables et augmentent leur demande de logement ; mais compte tenu de la faible élasticité de l’offre de logement et de la trop faible hausse du stock d’habitations disponibles, cette demande supplémentaire nourrit les hausses de prix.
Autrement dit, la mesure sera inefficace car noyée dans l’inflation immobilière, pour un coût non négligeable pour les finances publiques. Or en temps de rigueur budgétaire (même si on apprend que finalement c’est pas si important) chaque euro dépensé par l’Etat (pour reprendre une formulation terroir à la Bayrou) doit faire preuve de son effiacité.
PIRE même ! cette mesure, déjà certainement inefficace, est injuste socialement. Pourquoi privilégier les français qui ont déjà les moyens d’acheter (la défiscalisation des intérêts d’emprunt, quand bien même ce serait efficace, ne joue qu’à la marge et ne peut fonder une décision d’achat à elle seule) ? pourquoi subventionner ceux qui ont de toute façon les moyens de financer leur achat ? Quand l’urgence n’est pas l’accès à la propriété mais le logement des travailleurs pauvres, qui malgré un salaire ont des logements de misere, du fait justement de la hausse de l’immobilier, qui traine avec elle les loyers ?
Le coût de cette mesure est estimé à au moins 5 millairds d’euros après les nouvelles largesses électoralistes de Sarkozy, de surcroît totalement inefficaces (si il s’agit de faire en sorte que les français deviennent propriétaires, pourquoi accorder le bénéfice de cette mesure à ceux ayant déjà acheté leur maison avant le 6 mai, qui ont donc pensé n’avoir pas besoin de cette incitation ??).
certains enfin peuvent s’étonner de ce que l’on critique les mesures du gouvernement. Il faudrait “attendre” que sarkozy fasse ses preuves. Mais il n’y a pas d’état de grâce en politique, car les laissés-de-côté des arbitrages budgétaires n’ont pas non plus d’état de grâce.
certaines pistes sont proposées au contraire pour l’immobilier : interdiction des prêts à long terme, qui ne crée pas de façon artificielle une demande solvable seulement parce qu’elle paye jusqu’à sa mort, ce qui éviterait dans un premier temps une distortion entre offre et demande /// construction massive de logements aidés pour faire baisser la pression sur le locatif qui entraîne avec elle l’immobilier, désomais placement parmi les plus rentables /// prêts à taux zero pour certaines catégories, ce qui aurait le mérite de cibler ceux ayant VRAIMENT des difficultés à devenir propriétaire, au lieu d’arroser largement en espérant récolter davantage de voix