Carte scolaire et inégalités
Sarkozy a enfourché un nouvel objectif : plus de libertés pour les parents, en en finissant avec la carte scolaire. Il écrit donc d’un “point de vue” dans le monde : “la carte scolaire est devenu l’instrument de la ségrégation sociale”.
Bon on doit prendre au sérieux ce qu’il dit ? et du coup d’essayer de comprendre ce qu’il propose réellement ?
Alors déjà je comprends, par le titre seul, que a priori l’objectif est la lutte contre la ségrégation sociale. Ca me fait plaisir. Justement pour lutter contre la ségrégation sociale la loi SRU de 1999 (Chevenement) fixait un taux de construction de logements sociaux par commune. En effet, si la carte scolaire reproduit des inégalités sociales, c’est parce qu’elle entérine en grande partie une ségrégation sociale préexistante. Dans certaines communes vivent essentiellement des pauvres , dans d’autres des plus riches. Imposer un nombre minimum de logements sociaux, c’est casser cette ségrégation. Alors il existe des maires récalcitrants, parmi lesquels celui de la commune de Neuilly, dont Sarkozy fut maire jusqu’en 2002. Voilà donc une première piste pour lutter contre la ségrégation à l’école : lutter contre la ségrégation en dehors.
Deuxième piste, à partir d’un constat fait par Nicolas Sarkozy lui-même : beaucoup de lycées n’envoie pas de lycéens en calsse prépa. Passé ce constat effectivement troublant que propose Nicolas Sarkozy ? Rien. En revanche les socialistes avaient déposés un projet de loi en 2005. Il s’agissait d’assurer un recrutement national aux filières de classes prépa, basé sur les notes au BAC et plus une sélection sur dossiers à la seule discretion des établissements. En 2005 l’UMP a la majorité et le président du parti se nomme Nicolas Sarkozy. Le projet a été rejeté en première lecture.
Je récapitule :
Tartuffe ?
Que contient alors ce fameux point de vue dans le monde ?
D’abord, cela n’échappe jamais à personne, Sarkozy aime bien les chiffres pour étayer ses idées. Donc il écrit que
“30% des enfants sont ainsi scolarisés en dehors de leur collège de rattachement. Les autres sont tenus de se plier à une règle qui vaut pour les uns, mais pas pour tout le monde.”
Oui effectivement, mais en fait 20% sont scolarisés dans le privé. Or inscrire ses enfants dans le privé (et on peut le regretter) n’est pas déroger à la carte scolaire, c’est choisir un autre enseignement. Comme souvent, il manie les chiffres sans trop de précautions, pour mieux impressionner. Donc au final 10% des enfants scolarisés le sont en dérogeant à la carte scolaire. Ca reste un chiffre important, mais en décalage par rapport à ceux des “des expertises unanimement saluées” mais jamais citées dans son texte.
Passé le constat il fait trois propositions à la Royal (cad des propositions en l’air et suffisament vagues pour contenter tout le monde) :
1. autonomie des établissements avec un projet pédagogique individualisé
2. évaluation des établissements
3. aides aux établissements mal évalués
De cela la conséquence “logique” : suppression de la carte scolaire et liberté d’inscription où l’on veut.
Les mots “ségrégation sociale” n’apparaissent plus dans la seconde partie. Pourquoi ? Vous voyez le rapport entre le constat de la ségrégation et les mesures proposées ? Vous avez l’impression qu’elles répondent un minimum au problème ?
Alors le point 3 me semble étrange ; il existe déjà des aides : le classement en ZEP qui assure des ressources supplémentaires, dispositif remis en cause par Sarkozy. Passons. C’est suffisamment vague
Bon essayons de réflechir aux vraies conséquences, pas à la “logique”.
1. Dans une ville un lycée est bien doté. Tous les autres sont nuls. Tous les parents veulent envoyer leurs enfants dans celui ayant de bons résultats. Qu’est-ce-qui se passe ? Qui décide ? Comment ?
2. Y aura t il encore un programme unique ? Un diplôme national (BAC) avec une autonomie plus grande des établissements ?
3. A partir de là comment Sarkozy en déduit un recrutement plus juste socialement en classes prépa (puisque cela faisait partie de son constat initial) ?
Au fianl il pose un problème (la ségrégation) auquel il ne répond pas du tout, proposant quelque chose qui au mieux ne changera rien et au pire aggravera la ségrégation sociale et les inégalités entre établissements.
la carte scolaire ne fonctionne pas car elle est détournée ?
Il existe pourtant des solutions plus pragmatiques :
Au lieu d’un projet que propose Sarkozy ? Tout simplement de supprimer la carte scolaire et de ne la remplacer par … RIEN.
La rupture c’est aussi la rupture dans les idées, passer d’idées à améliorer à l’absence d’idées.
Ne rien faire pour lutter contre la ségrégation sociale, voilà le projet du président de l’UMP.