notre campagne vue de la Suisse
Oui il peut être intéressant de prendre un peu, heu, pas de recul, mais de décalage, un peu vers l’Orient, et de nous regarder depuis la Suisse.
C’est légitime, nous partageons tellement, une langue, des montagnes, l’amour du chocolat, et l’invention de l’imprimerie (entre Bâle et Strasbourg).
Et la Suisse nous a incité à reconsidérer cette injustice flagrante, cet instrument de “spoliation” (selon les termes du député Dassault hier à l’émission impertinence) qu’est l’ISF, après le départ de Johnny, soucieux de ne pas payer ses impôts en France. Et Jonhny a aussi amené les Suisses à reconsidérer leur propre politique fiscale, les citoyens suisses commençant à trouver étrange que l’on permette aux étrangers fortunés ce que eux ne peuvent faire, négocier leurs impôts. C’est l’effet Boumerang de la campagne présidentielle française.
Bref la Suisse nous est proche.
Dans le Matin un article évoquait la campagne, côté Sarkozy. Alors on va dire que je fais une fixation sur sa personne. C’est que le personnage est malin. Bayrou vous allez sur son site : toutes ces propositions sont présentées, et elles sont claires. J’en partage certaines, j’en dirai deux mots un autre jour. Bayrou a été lâché par tout le monde, de De Robien (pas une grand perte entre nous) aux nombreux UDF qui ont rejoint l’UMP attirés par les promesses de postes et gloire. Bayrou est peu suspect de connivence avec les medias, tant ses rapports avec TF1, France 2 etc sont tendus, et il ne manque pas une occasion de critiquer les liens avec les puissants. Bayrou ne paie pas l’ISF, on s’en fout mais en tous cas on ne peut du coup le suspecter d’enrichissement exagéré (d’ailleurs on attend toujours la présentation de N. S. de son patrimoine, il s’est contenté de quelques indications à la presse, sans en publier comme il s’y était engagé la teneur). Bayrou parle peu de spiritualité car il est homme politique mais on sait ses croyances profondes (il suivait Lanza del Vasto, célèbre disciple de Gandhi dans sa jeunesse) sans qu’il ait besoin de les afficher (alors que Sarkozy ne cesse de faire des allusions désobligeantes à la spititualité qui tendent à laisser penser qu’un athée est un misérable, dans un contexte théorique de séparation de l’église et de l’état auquel devrait être tenu en premier lieu le ministre de l’intérieur). Bref je respecte Bayrou comme homme, au-delà du candidat que je jugerai en tant que citoyen.
N. Sarkozy est protéiforme : tantôt américaniste, tantôt patriote, tantôt européen, ses engagements sont difficiles à cerner. Sarkozy est déroutant : il est libéral et il parle aux ouvriers, et appelle à leur résistance. Sarkozy est parfois espiegle : appelant à travailler plus (autrement dit à décontingenter la durée légale du travail) il se réfère aux figures tutélaires de la gauche dont un des mots d’ordre a toujours été la réduction du temps de travail. Sarkozy est également inquiétant : ministre de l’intérieur pour, selon ses propres paroles, “mieux se protéger”, on apprend que des enquêtes des RG, qui dépendent de son ministère, sont à teneur politique. Comme tous les français, N. Sarkozy est abbépierreophile, mais ce dernier avant déclaré lors de l’examen de la loi sur la mendicité présenté par N. Sarkozy en 2002 : “depuis que j’ai quitté le Parlement en 1952, c’est le premier texte qui m’indigne autant”. Bref il est difficile de parler de N. Sarkozy tant il est à la fois partout et insaisissable.
Donc cet article suisse, extrait du Matin, questionne les rapports entre Sarkozy et les médias. C’est très intéressant. J’en résume les grandes lignes :
Je laisse le reste de l’article à la discrétion des lecteurs. Le contenu fait froid dans le dos (pression sur journalistes au sein des rédactions), mais mon honneteté m’empêche d’y accorder une confiance absolue en l’absence de preuves. Toutefois ceci combiné aux accusations du Canard Enchainé de détournement des services d’enquête de l’Etat à des fins partisanes créé un halo troublant. Que le traitement médiatique des différents candidats n’infirme pas.
Attaché à la forme républicaine absolue de l’Etat j’aimerai au-delà des querelles entre partis que ces soupçons soient infirmés ou confirmés, car ils me sont insupportables.