ll y a eu l’appel de Rocard, diversement interprété par les uns et les autres, à une alliance UDF PS.
Rocard appelle de ses voeux depuis des décennies à une ouverture du parti au centre, il y a donc au moins continuité idéologique. Il assure en outre lancer cet appel à présent au cas où il serait nécessaire au second tour, pour préparer l’opinion publique. Cet appel sera donc jugé au second tour.

Il a permis à Bayrou de conforter son analyse, en deux arguments :
1. voyez, les frontières sautent (mais Rocard le prône depuis des décennies)
2. voyez, Royal et Hollande vérouillent en refusant cet accord

Pourtant Bayrou déclare ce matin : “Il n’y a aucun accord d’alliance imaginable dans une élection présidentielle avant le scrutin”, sans que l’on en fasse ensuite de tonnes sur le verouillage de sa pensée. Car il est normal que Bayrou et Royal ne s’allient pas à 6 jours du scrutin, il aurait fallu le faire avant, ou alors il faut attendre. De ce point de vue le traitement médiatique a été un peu simpliste. Par ailleurs Bayrou aurait plus à perdre que Royal à cette alliance car il y perdrait son positionnement ni droite ni gauche (Hollande n’aurait alors pas du réagir si promptement mais bon il devient coutumier des réactions à chaud mal inspirées)
Par ailleurs conscient du danger d’apparaître comme un candidat de gauche (dans lequel le pousse aussi l’UMP qui de façon tout aussi malhonnete conclut de l’appel de Rocard à l’appartennace à la gauche de Bayrou) il réinvestit les électeurs de droite en attaquant le positionnement extreme de Sarkozy.

Or Rocard précise sa pensée aujourd’hui, dans une analyse que je partage :

Le drame français actuel est d’abord économique. C’est le fait que le chômage, la précarité ou la pauvreté affectent pas loin du quart de notre population. Or ceci est un fait mondial dans tous les pays développés. Il s’explique principalement et partout par la dérive d’un capitalisme redevenu prédateur et socialement brutal.

Telle est l’analyse socialiste au nom de laquelle mon choix va à une victoire de Ségolène Royal plutôt qu’à un candidat centriste qui ne parle jamais de ces questions. Mais dans cette situation, la victoire de Nicolas Sarkozy serait une dangereuse aggravation de la puissance de ces forces d’argent. C’est pour éviter ce danger qu’une alliance de vote me semble très nécessaire avec des centristes qui ont déjà voté la censure et refusé un budget à la majorité de Sarkozy.

Je finis sur les prises de position de Allègre et Kouchner :
* Kouchner avait déjà affirmé être prêt à rejoindre un gouvernement Sarkozy s’il était d’union nationale. Or je vois mal comment un socialiste pourrait adhérer à son projet de gouvernement (je parle de Sarkozy, pas de Bayrou)
* sur Cl Allegre : ayant déjà appelé à ne pas voter S. Royal au nom de sa haine de sa personne, son appel est plus de l’opportunisme visant à profiter de la crédibilité de quelqu’un de respecté comme Rocard pour se montrer. J’espere qu’en cas de victoire Bayrou n’aura pas la faiblesse de le prendre à ses côtés.

Bref alors que le traitement médiatique met sur le même plan les appels de Rocard, Kouchner et Allegre, j’aurai plutot tendance à bien les différencier, celui de Rocard me semblant le plus interessant à considérer, et celui de Allegre le moins sérieux.