immobilier, qui gagne perd
La mesure proposée par Sarkozy a fluctué entre plusieurs versions. La dernière en date énonce que tous les emprunts en cours se verront proposer une déduction des interets de l’emprunt sur le revenu imposable avec une limite fixée par la loi à venir.
Plusieurs critiques tempèrent la nouvelle. Elles sont de différentes sortes.
D’abord, ces déductions d’impôts ont un coût. Au moins 1 milliards d’euros si cela le devait concerner que les prêts contractés après le 6 mai. Or Sarkozy finalement l’étend à tous les prêts. On peut s’attendre à plus de 4 milliards d’euros. Cela n’est certes à proprement pas une recette mais une dépense. Or l’effet escompté vaut-il ces sacrifices ?
A qui s’adresse cela ? A tout le monde, ceux qui de toutes façons achètent et ceux qui vont profiter de cet effet pour acheter. Mais la réduction du prix total ne sera pas très importante au final.
Le principal probleme de l’accession à la propriété aujourd’hui est plus la hausse des prix immobiliers qui pénalisent les primo accédants au dépend de ceux ayant déjà un bien qu’ils peuvent revendre avec plus value. Un des seuls pays européens à n’avoir pas connu de hausse immobiliere est l’Allemagne : la décroissance démographique couplée à une politique volontariste de construction de logements entrainent une offre immobilière qui n’est pas excedée par la demande. A l’inverse en France la pénurie de logements conduit à des tensions sur le marché immobilier. Or créant une demande supplémentaire, la mesure de Sarkozy risque de relancer la hausse des prix immobiliers dans un marché qui retrouvait une certaine stabilité. La hausse immobilière risque alors de rendre inexistante l’économie d’impôts de la mesure. En d’autres termes, si cette mesure entraine une nouvelle hausse des prix, le gain pour chaque ménage tendra vers 0, et les impots perdus par l’impot financeront sociétés immobilieres et banques.
Bref la mesure risque d’être inefficace, Tout en privant l’Etat de ressources fiscales.
La derniere critique concerne le sens de la politique menée. Elle n’est pas de mon fait mais de certains économistes de droite pour lesquels Sarkozy conduit une politique de la demande (des ménages) au lieu de conduire une politique de l’offre (de richesses). Une politique de l’offre est une politique encourageant la production, par des exceptions de charges pour les entreprises, des incitations à l’embauche. Une politique de la demande se préoccupe du pouvoir d’achat des ménages, supposés soutenir l’activité économique. Ainsi, le but de la mesure de Sarkozy serait double : redonner du pouvoir d’achat aux français va le crédit d’impots ou les exemptions sur leurs impots, et peut etre soutenir l’activité de la construction, responsable de pres de 5% du PIB (10% en Espagne).
Je ne suis pas contre le principe d’une politique de la demande évidemment mais à mon sens elle doit s’adresser aux ménages en difficultés et ne pas être aveugle socialement. Surtout elle risque de demeurer inefficace si la hausse de l’immobilier grignote le gain par ménage. Surtout en réduisant les entrées fiscales de l’Etat.