la dignité
je sais pas si c’est juste Villepin mais j’ai l’impression d’entendre en boucle la formule “j’ai été frappé par”
alors bien sûr il s’agit d’une image, D de V n’ayant été frappé ni par la foudre, ni par le chiunyunga, ni par la lecture du monde ses derniers jours (”calomnie”)
nan il a été frappé par la “dignité”, la dignité des futurs licenciés de la Sogerma.
Le mot “dignité” aussi revient assez souvent en ce moment, quand y a un enterrement par exemple la famile ou les proches y ont assisté avec dignité. Là c’est la dignité des ouvriers qui a frappé Villepin. Il s’attendait peut-être à ce qu’ils se roulent par terre et se frappent la poitrine. Nan il a reçu un T-shirt, qu’il s’est engagé à porter samedi (affaire à suivre). Un beau T-shirt blanc avec marqué dessus sogerma merignac vivra. Et ils ont donc été dignes, cad convenables, respectables, pas de couteau dans la bouche ni de gros mots.
En fait je reste assez dubitatif devant cette mise en scène de son engagement pour l’emploi (il va sauver 300 emplois sur 1200 proclame fièrement télégouvernement france 2 ce soir au JT*) . Car j’ai en tête cette lecture au sujet des licenciements à Moulinex :
Le soir, en rentrant à Paris, j’avais rendez-vous à l’Elysée, avec le Secrétaire général de l’époque, Dominique de Villepin, dans son beau bureau tapissé de soie vieux rose et orné de masques africains. Comme d’habitude, je commençai par lui demander : « Comment va la France ? Vue d’ici ? » Mais, sans attendre sa réponse, je lui racontai ma journée. Qu’allaient devenir ces mères de famille ? Il leva les bras au ciel « Les Français, s’exclama-t-il, sont comme des moules accrochées à leur rocher : Il est temps qu’ils apprennent à bouger ! Qu’ils fassent comme les Américains : qu’ils aillent vendre, s’il le faut, des pizzas à Central Park ! »
Si les souvenirs de Judith sont exacts, il a employé la même expression pour les fonctionnaires, et feint à des fins de popularité de s’engager pour l’emploi en sauvant des pauvres ouvriers qui le voient arriver tel le messie sauvant (qui sera sauvé sur les 1200 ?) les emplois. Tant mieux si la démagogie a pour effet collatéral la sauvegarde de certains emplois.
Au fait la SOGERMA est dans le rouge du fait surtout de la non-reconduction par l’Etat des contrats de maintenance de sa flotte aérienne militaire, comme le rappelle le figaro …
La descente aux enfers de Sogerma s’est accentuée en 2002 quand le ministère de la Défense lui a préféré le groupe portugais Ogma pour l’entretien des avions de transport C 130 de l’armée de l’air. La perte de ce marché a déclenché un premier plan social de 322 emplois à Mérignac.
Bref le gouvernement a beau jeu de dénoncer l’attitude non citoyenne de l’entreprise !La maintenance est une activité dépendant de contrats en amont, de la même façon que la fermeture de Sogerma va entraîner le dépot de bilan de nombreux sous-traitants. Mais l’Etat a aussi joué son rôle en son temps dans le creusement du déficit de la SOGERMA.
Après je ne sais pas si ca veut dire que l’Etat doit réserver ses contrats et appels d’offre à des entreprises nationales, mais en tous cas que l’Etat se défausse drôlement de sa responsabilité dans cette crise d’entreprise, et que D de V en profite pour se reconstruire une image plus positive après le CPE et Clearstream à peu de frais pour le moment.
*maladresse peut-être mais le lancement du sujet est très orienté, tendant à faire croire que c’est l’activité seule de D de V qui va permettre ce sauvetage, et que Clearstream c’est déjà du passé :
“il faut tourner la page de Clearstream, c’est ce qu’avait demandé Jacques Chirac à ses ministres la semaine dernière, D de V applique la consigne, le ministre est monté en première ligne dans le dossier de la Sogerma, cette filiale d’ADS voué à la fermeture et qui emploie 1100 personnes à Merignac près de Bordeaux, la visite semble plutot bien apprecié et un compromis semble se dessiner”.
Dans les faits le compromis concerne 300 salariés, en laissant 800 dans l’expectative, qui s’ajoutent déjà aux 322 perdus lors d’un premier licenciement suite à la perte du contrat avec le ministère.