Devedjan et les civils morts au Liban
Impossible de dire si une ligne modérée peut éclore dans le conflit actuel entre Israel et le Hezbollah, ou si l’embrasement se fera général. Difficile également d’imputer à un parti ou un autre la responsabilité des aggravations des actions menées. Le terme d’escalade manifeste bien ce toujours plus de l’adversaire, et au final on ne sait plus trop comment tout a commencé.
Or je suis vraiment scandalisé par l’inconséquence des paroles de certains hommes politiques, lorsque Devedjan énonce “Israël n’a pas d’autre choix pour assurer sa sécurité et son existence que de briser les mouvements terroristes, avec des conséquences désastreuses, hélas, pour ceux qui, volontairement ou non, en sont solidaires”. Comment être involontairement solidaires ? En habitant dans un quartier touché par une bombe (146 civils morts) ? Comment couper cette solidarité ? En se transformant en réfugé et en allant conformément à la demande d’Israel fuir au nord du Liban ? En allant se réfugier, en quittant sa maison, en la laissant à l’arbitraire des bombes, en lui disant adieu et au revoir à la fois ?
A t on le droit d’être caricatural lorsque l’on est porteur d’une parcelle de la parole publique française ? ne doit-on pas réserver son temps de parole à des analyses ou des propositions ?
On peut comparer ces propos avec ceux tenus par Hollande, qui esquisse une analyse au lieu de moraliser de façon simpliste un conflit :
“Israël ne frappe pas simplement que le Hezbollah, frappe le Liban” ; “il y a aussi des attaques sur Israël” ; “Il faut que le Hezbollah soit, non pas anéanti -ce n’est pas possible parce que c’est une réalité libanaise- mais soit désarmé, c’est ça l’objectif”.
“Il y a toujours au départ une provocation, ensuite une disproportion, puis la guerre” ; “il y a aujourd’hui de la part d’Israël et de la part du Hezbollah la nécessité d’arrêter” les hostilités”
Sarkozy se situe entre les deux, moralisateur “Israël doit se défendre et a le droit de se défendre” mais aussi plus nuancé (faut la chercher la phrase) : “si on est un ami d’Israël, et je le suis, on doit conseiller à Israël de garder son sang-froid et de ne pas faire de la surenchère et de proportionner la réaction”.
J’ai peur que la communauté internationale ait raté une occasion de normaliser les relations entre Israel et le Fatah, et ce qui se passe aujourd’hui rend plus lointain cette option politique. Les négociations historiques entre Arafat et Rabin résultaient d’un tel coup de force où des ennemis jurés étaient rapprochés (Mitterand joua alors un rôle important, et selon Filiu Mitterand “s’engagea pour la Palestine par amitié pour Israël”).