je trouve pas de titre mais où l\’on parle de la Comédie Française et du droit du ministre de mettre son point final à la controverse handke sans en avoir l\’air
La Comédie Française, créée par Louis XIV, est le seul théâtre d’Etat. Son administrateur est nommé par le ministre de la culture. L’administrateur est dès lors responsable de la programmation.
Marcel Bozonnet avait déprogrammé une pièce de Handke (qu’il avait lui-même mis au répertoire) après que Handke choisit de se montrer aux obsèques de Slobodan Milosevic, qui devait être jugé pour crime de guerre et crime contre l’humanité, au lieu d’assister aux manifestations des autres serbes dans Belgrade. Bozonnet invoquait une décision éthique. L’intensité des débats n’a pas permis de trancher : les accusations de censure sont absurdes à mon sens (l’utilisation du mot est une insulte aux vrais censurés), mais on pouvait se demander légitimement si on pouvait ainsi séparer une oeuvre d’un engagement éthiquement condamnable. On tombe dès lors dans mille difficultés, le problème restait entier (j’ai mon opinion mais je me sens bien incapable de trancher avec la certitude d’une Elfriede Jelinek par exemple), mais Bozonnet a pris ses responsabilités.
En son temps notre ministre de la culture avait émis des réserves sur cette déprogrammation. La non reconduction de Bozonnet n’est pas expliquée. Le doute se fait jour : paye-t-il sa gestion de l’Affaire Handke ? Rien ne permet de l’affirmer ou de l’infirmer, il pourrait y avoir d’autres motifs. Mais cela pose la question de savoir s’il est opportun que l’administrateur soit nommé directement par le gouvernement. En fait je suis terriblement gené si effectivement le ministre s’est permis de mettre un point final (par son pouvoir discretionnaire de nomination et non reconduction) à une controverse qui n’oppose pas deux façons de gérer un théatre mais deux conceptions éthiques liées ni à la gauche ni à la droite, et qui me semblent au final indécidables dans ce cas là. La nouvelle administratrice a été choisie de façon discrète, du coup M. Bozonnet s’étonne (Lemonde daté du 22/07) du processus de nomination. En effet, lorsqu’en 2001 il avait lui-même été candidat, sa candidature et celles des autres candidats avaient été publiques (même article du monde), occasion de débattre de leurs projets. En revanche Donnadieu se défend de tout lien avec la controverse handke, évoquant l’âge de Bozonnet (en 2009 65 ans) et l’impossibilité du coup de voir à long terme (d’où son recrutement en 2001).
Bon je vais faire une confidence, j’écris cela mais finalement je m’en fous un peu, c’est juste une question sur principes, et j’ai toujours malgré mes résolutions pas lu Handke.