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Ouais avant l’élection française il se joue une autre élection dès janvier 2007, pour la présidence de l’UEFA. Platini n’a pas été élu député, maire, ni nommé ministre, comme d’autres (Guy Drut est le plus bel exemple d’une reconversion politique olé-olé), il se dédie aux instances du football. Il a été l’organisateur de la très réussie coupe du monde 98.
Le football est une fédération : les règles sont définies par la FIFA, fédération internationale qui chapeaute des fédérations continentales dont la fédération européenne (UEFA) elle-même subdivisée en fédérations nationales (la FFF fédération française de football). La FFF est elle-même séparée en une partie pro et une partie amateur.
Le football européen a connu depuis quinze ans quelques évolutions majeures qui modifient sa physionomie :
la création de la Ligue des Champions, qui assure trois places aux grands championnats (contre une seule auparavant) permet de maintenir des revenus (droits télé, entrées, etc) qui minimisent donc le fameux aléas sportif (il faut finir dans les trois ou quatre premiers du championnat, et plus nécessairement être vainqueur). A terme se profile l’idée d’une ligue fermé où les grands clubs seraient qualifiés d’office. Telle est en tous cas l’ambition du G14, groupement des “grands” clubs européens.
l’alignement des règles de fonctionnement sur les règles européennes : par exemple le principe de la libre circulation des travailleurs au sein de l’Union Européenne a rendu illégale la limitation du nombre d’étrangers UE au sein des équipes de club. Auparavant, quand j’étais petit, il y avait trois étrangers maximum dans le 11 de l’équipe. A Marseille dans l’équipe de 1991 il y avait un anglais Chris Waddle, un ghanéen Abedi Pelé et un rugueux défenseur brésilien Carlos Mozer. Sinon que des français. Un tribunal juge illégale cette disposition, contraire au droit européen. Il aurait pu y avoir un beau débat : pourquoi finalement limiter le nombre d’étrangers ? Quelle circulation veut-on ? On voit le parallèle avec les débats aujourd’hui sur l’appel à des immigrés qualifiés, qui vont à terme manquer dans leurs propres pays. Mais ce débat n’eut pas lieu. Autre exemple : c’est la Commission Européenne qui dernièrement a fait pression sur le gouvernement français et conduit le ministre des sports Lamour à autoriser les clubs pro à faire appel au capital privé via l’actionnariat et donc la cotation en bourse (mesure qui a eu des échecs : par exemple l’action du club de Dortmund a plongé en quelques années). Il aurait fallu se demander quelles conséquences positives et négatives cela peut avoir. Ainsi les règles du football se jouent autant dans ses propres instances fédératives que dans les tribunaux européens.
les équipes nationales perdent de leur légitimité : les clubs réclament une part des bénéfices liés aux grandes compétitions, au titre qu’ils sont employeurs des joueurs sélectionnés dans les équipes nationales (cf l’action sans relâche du président de Lyon Aulas). Or cette demande est contraire aux dispositions du foot : un joueur au départ, avant d’être salarié d’un club, est affilié via ce club à la fédération, et doit donc respecter toutes les règles, parmi lesquelles l’obligation de répondre aux selections nationales.
les équipes de club tentent de diversifier leurs revenus, via un marketing plus aggressif, façon également de moins lier l’étendue de leurs revenus à leurs résultats sportifs : Davis Beckham a été recruté par le Real de Madrid autant pour son niveau que sa capacité à vendre des maillots. Les clubs veulent construire des complexes de loisirs autour du stade : cinéma, salle de jeux videos, etc…
Ces évolutions visent à réduire l’aléa sportif, pour assurer des revenus stables, et assurent de plus en plus la suprématie des grands clubs sur l’évolution des règles juridiques, économiques et sportives du foot, au détriment aussi de ce que veulent beaucoup de passionnés (la coupe du monde des nations reste l’événement le plus attendu et regardé).
Revenons à Michel Platini. Son programme est axé sur 4 points :
1. redonner le pouvoir décisionnaire aux instances du football, et pas aux juges.
2. assurer une meilleure redistribution des richesses générées par le football, notamment vers les petites fédérations européennes (Chypre, la Moldavie etc)
3. obtenir au sein de l’UE la reconnaissance de la spécificité du sport et notamment du football, qui ne peut être comparé à une entreprise classique
4. garantir l’avenir des sélections nationales
ce sont des objectifs, qui valent programme. C’est une démarche saine : quels sont les principes qui vont guider notre action ? Deuc commentaires après cette longue présentation :
1. j’appuie entièrement cette démarche visant au sein des règles de l’UE à déterminer les spécificités de certains champs d’activité. L’application formmelle de règles de libre-circulation a modifié en profondeur le football sans que l’on se pose la question des conséquences et notamment de leurs aspects positifs ou négatifs. On a le sentiment d’un fonctionnement à l’envers. Il faut se donner des objectifs puis appliquer les moyens de les réaliser. Or souvent on applique un moyen (une harmonisation avec les règles européennes) sans savoir pour quel objectif , ou en tous cas sans débattre de la fin et des conséquences.
2. De façon générale fixer des objectifs et des principes avant une candidature me semble salutaire.
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