le droit du plus fort, ou le cache cache du pouvoir
A la mort de l’abbé Pierre, l’association Don Quichotte a rapidement été présentée comme successeur du combat de l’abbé Pierre. La fondation de l’abbé Pierre existe toujours, mais pour donner un logement décent à ceux qui vivent désormais dans la rue, il n’y a pas de combattant en trop.
Don Quichotte a choisi de planter des tentes, dans différentes villes, pour rendre visible une misère que l’on cache. C’est aussi indiscutablement préférable à une nuit sous des cartons, puisqu’il n’y a pas assez de places en centres d’hébergement pour le moment. Toutefois les élus locaux tentent de démanteler ces tentes qui importunent les riverains. Dans certaines villes, par exemple Aix en provence ou Strasbourg, il a fallu déplacer ces tentes car elles font tâche dans le centre. Oui il ya une hierarchisation étrange des priorités, entre le droit au logement et le droit au regard sur des rues nettes et propres sans traces de la misère, parquée dans des réserves.
Mais ces tentes ont aussi constitué un moyen de pression pour l’association qui sait la volonté des pouvoirs publics de faire disparaître les signes trop visibles de la misère. Et Don Quichotte participe à des réunions avec les acteurs : ministre, préfet, autres associations, … Hier ils devaient participer à une réunion avec la ministre Vautrin et ont été reçus par des policiers qui les ont plaqués au sol, menottés, etc … IIs auraient tenté d’arriver à 30 à la réunion, les policiers leur auraient demandé de patienter et certains auraient alors tenté de passer quand même (puisqu’ils avaient rendez vous). L’usage de la force semble d’autant plus disproportionné qu’il s’agit d’associations qui se battent pour le bien public et contre la misère. Aurait-on oser faire cela à l’abbé Pierre ? On voit toutes les limites de la comparaison du début.
Il pourrait s’agir d’un accident isolé, sans inportance. Toutefois je le pense révélateur d’une certaine pratique aujourd’hui du pouvoir qui privilégie la force en la parant de la peau usée du droit. Quelques éléments convergent : la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) a relevé une augmentation de l’usage disproportionné de la force par la police et la gendarmerie, avec des coups, des menottages injustifiés, des insultes, … dans le même temps dans les prisons se joue également un usage disproportionné de la force, avec tabassages, humiliations quotidiennes, mentionnés dans le même rapport.
Il ya bien sur des responsabilités individuelles dans chaque cas, mais les tendances générales ne sont pas liées à une soudaine dégradation de la déontologie chez ceux en possession de la force légitime (définition de la politique selon Freund). Elles correspondent bien plus à un climat général où les problèmes gênants pour le pouvoir, qui manifestent son échec, sont traités avec la volonté de les réduire au silence et de les mettre au pas. Réduire au silence, c’est également la tactique employée sur les chiffres du chômage. Depuis 20 ans l’INSEE donne un rappoort sur les tendances générales en mars. Or là ô surprise ô coincidence elle le fournira en septembre. L’INSEE est une antenne du ministère des finances. Le doute subsiste, car il correspond bien à cette volonté de cacher, par la force si besoin est.