Exil fiscal
JH a choisi de s’enfuir résider en Suisse (à Gstaad, parions qu’il n’y demeurera pas les 6 mois nécessaires) au motif qu’il paye trop d’impôts en France. Il n’a pas même daigné attendre que son ami Sarkozy soit président (il est déjà au gouvernement, ainsi que les amis de son ami, dont Copé ministre du budget et donc coresponsable du régime d’imposition) et modifie les conditions fiscales pour les revenus les plus importants (car JH n’est pas smicard).
En fait cela fait longtemps que JH essaie de quitter la France, réalisant l’adage de son ami, “aime-la ou quitte-la”. Après un échec en Belgique c’est vers la Suisse, qui accueille de nombreux résidents étrangers satisfaits des conditions fiscales, que JH a décidé d’orienter son mal-être français.
Bon il n’est pas dans l’illégalité du point de vue français, il est simplement dans l’indécence la plus totale (ses fans, le plus souvent issus des couches populaires, continueront à payer une TVA de 19,6% sur ses cds), au même titre que Auteuil ou Mauresmo, autres ingrats de la France, qui quittent le régime de la solidarité nationale collectivement consentie (doit-on rappeler que le taux d’imposition est un taux fixé par nos représentants issus de la souveraineté nationale, à majorité de droite depuis 5 ans d’ailleurs, et pas une plaie d’origine divine ?).
Mais ce microévénement (qu’il se casse après tout, il est libre de le faire) devient un fait politique pour deux raisons.
D’abord il avait été un soutien de Nicolas Sarkozy, de façon un peu comique certes (il aurait aussi pu appeler à voter pour Ségolène Royal -il a émis un avis en ce sens au JT-, étant manifestement un peu dépassé par la chose politique), mais populaire et médiatique. Soutien que Sarkozy a lui-même mis en avant, toujours soucieux d’utiliser des symboles de la culture populaire (témoin son médiatique passage à l’entraînement de l’Olympique Lyonnais ce matin, qu’il faudrait m’aider à relier avec sa fonction de ministre de l’intérieur). On pourrait donc imaginer que le candidat soit mis en difficulté ?
Pas du tout ! Fidèle à sa stratégie de la contre-attaque, il riposte sur le taux d’imposition en France, aidé par Copé et autres.
Même Zemmour, du Figaro sur i télé ce matin, en convenait : il est particulièrement indécent et scandaleux lorsque l’on est ministre depuis 5 ans, avec tous les appareils législatifs sous contrôle, de critiquer les lois de la France, dans la mesure où tout loisir avait été donné pour les changer. cela s’apparente effecivement soit à de l’incompétence soit à de la démagogie. L’impot sur la fortune avait été à un moment l’objet d’un projet de loi. Il apparaissait d’ailleurs que loin des discours alarmistes l’émigration fiscale restait limitée.
Pour 2002 :
Le flux des « retours » de redevables à l’ISF s’est élevé en 2002 à 138. Ce chiffre peut paraître tempérer de manière significative le nombre des départs (environ 359 en 2002). En réalité, il n’en est rien. (etc)
Et ceci avant la modification de l’ISF … L’exil fiscal semble donc assez limité quantitativement ! Mais il agit en épouvantail.
Je m’emporte parfois sur ce blog, mais comment rester posé et argumentatif alors que les ministres s’abaissent à de tels arguments :
quant à Christian Estrosi, un proche de Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur candidat déclaré à la présidentielle de 2007, il a estimé que “la situation fiscale de la France n’est plus acceptable”.
Selon le ministre délégué à l’Aménagement du territoire, interrogé sur RMC Info, “si Ségolène Royal (la candidate socialiste) était présidente de la République, Gstaad devrait agrandir les limites de sa commune parce que il faudrait accueillir beaucoup, beaucoup, beaucoup plus de Français“.
Agitant menaces d’exils fiscaux, critiques de lois dont ils sont les premiers reponsables, amitiés avec des personnes peu soucieuses du bien collectif, cette micro affaire JH révèle les biens piètres manoeuvres des ministres soutiens de Sarkozy.
A l’inverse le président et le premier ministre font montre d’une responsabilité bien plus grande, digne des représentants de l’Etat et des millions de français qui eux paient leurs impots sans quitter la France et le régime de la solidarité nationale.
De leurs côtés, le président français Jacques Chirac, connu pour être un inconditionnel du chanteur, et le premier ministre, Dominique de Villepin, ont dit “regretter” la décision de Johnny Hallyday. “Ce n’est pas justifié par la situation fiscale de notre pays”, a estimé M. de Villepin. (lemonde.fr)