la RGP
C’est quoi la RGP ? Un nouvel impôt, une taxe, une réforme, un contrat pour étudiants ?
Nan rien de tout cela, derrière cet acronyme se cache une méthodologie éprouvée et futuriste de constitution d’un programme politique : il s’agit de la Révision Générale des Programmes.
Cette méthodologie a été exposée, à canal+ dimanche, par la porte-parole de Nicolas Sarkozy Rachida Dati, celle qui utilise le mot “dupe” toutes les 4 minutes (”les français ne sont pas dupes des propositions socialistes”).
Alors pour que tous les candidats aient accès à cette révolutionnaire méthode de constitution des programmes je vous la détaille.
La “Révision Générale des Programmes” se déroulent de la façon suivante :
1) le candidat ou ses porte-parole font des propositions lors des différents meetings, propositions ciblées en fonction de l’auditoire (voir le très bon article du canard enchaîné sur comment saucissoner l’électorat)
2) ses propositions sont suivies de nouvelles propositions
3) on peut alors en ajoutant les meetings aux meetings avoir un programme constitué de nombreuses propositions
A ce stade là des gens vont se poser la question de la faisabilité des mesures, de leur emboitement, et de leur financement. Le projet de Sarkozy fait l’objet d’une évaluation comprise entre 75 et 30 milliards d’euros, certaines mesures sont particulièrement couteuses (la baisse des prélevements obligatoires de 4 pts du PIB estimée à 68 milliards d’euros, l’allocation dès le premier enfant estimé à 4 ou 9 milliards selon les sources) et ne sont pas toujours incluses dans ces évaluations.
A ce moment est mise en place la RGP, la Révision Générale des Programmes.
4) la RGP = on revient sur le spropositions, qui sont modifiées, abandonnées, passées désormais sous silence, etc … Des silences, des corrections, des rectifications, de la Révision Générale des Programmes se déduit le nouveau programme, qui est un mélange des promesses présentes, des promesses envolées et des corrections présentes. Dans l’état actuel de la campagne je ne sais pas encore si le RGP est un processus itératif. J’attends la prochaine apparition de Dati.
Cela consiste à dire que finalement la baisse des prélevements obligatoires, promise par Sarkozy, se fera sur 10 ans, cad deux quinquennats, que l’allocation dès le premier enfant est encore à l’étude, que finalement un second porte-avion pourquoi pas après avoir annoncé que cela ne se fera pas forcément, etc etc… ce qui permet d’avoir au final une estimation basse du coût de son programme, après avoir fait la une des JT pendant un mois en promettant maintes choses aujourd’hui abandonnées ou modifiées, en raison de cette savante et nécessaire RGP.
En cela la RGP est beaucoup plus participatif que la passéiste méthode de Ségolène Royal. Rappelons-nous : pendant que Ségolène courrait la France à la recherche de propositions qu’elle rassemble en un pot-pourri le 11 février, en une fois, ce qui impose une certaines cohérence entre les idées, Sarkozy nous faisait participer à ses propres cogitations sur le programme. “Une baisse des prélevements obligatoires comme la France n’en a jamais connu ca serait sympa” et on est tous associé à cette réflexion, comme si on était dans uen séance de brain-storming à l’UMP. Vis ma vie de conseiller politique. Finalement la proposition sera modifiée puisqu’il apparaît que sans impôts il est difficile de financer les autres mesures du candidat.
Autre formule : l’allocation dès le premier enfant est dégradée “dans l’ordre des priorités”.
Je suis volontairement ironique car 50% du temps de parole des porte-parole de Sarkozy a consisté à critiquer la méthodologie d’élaboration du proramme socialiste, qui a certes ses failles (je ne suis pas sur qu’il soit humainement possible de synthétiser en 1 mois tous les débats participatifs qui ont eu lieu en France, certains 3 jours avant le fameux dimanche). Or dans ce processus d’élaboration de programme, la méthode de l’UMP me semble bien moins sérieuse, marquée par des retours en arrière en l’espace de quelques semaines, sans que la presse télévisuelle ne s’en émeuve, habituée qu’elle est à raisonner à l’échelle de la journée et à ne garder en mémoire que la dernière semaine. Alors pendant 1 mois il était de bon ton d’ironiser sur l’absence de programme au PS, mais est-ce mieux de présenter un programme irréalisable et modifié en cours de campagne. Finalement, toutes ces propositions, tous ces passages télé, c’était du vent ?
Je me rappelle aussi d’une saillie violente de Rachida Dati consistant à se moquer d’une proposition de Ségolène Royal sur les femmes battues, qui d’après elle existe déjà. Cela n’a rien à voir avec la proposition de Sarkozy faite sur TF1 aux questions des français de désormais obliger à motiver le classement de toute affaire judiciaire, proposition qui est certainement issue de la lecture de l’article 40-2 de la loi votée en … 2002.
Nan vraiment, que l’on soit de gauche ou de droite, force est de constater la plus grande retenue dans les attaques côté socialiste, et surtout cette propension de la part des porte parole de l’UMP à ne voir que la paille chez le voisin, quand sa propre campagne n’est pas plus un modèle de cohérence.