déc8
J’ai eu des discussions intéressantes avec mes amis Rodrigo et Bobby sur la question des responsabilités lors des émeutes dans les banlieues (les prénoms ont été involontairement changés).
Alors selon Rodrigo, faudrait arrêter des fois de faire porter la culpabilité sur le contexte ou d’autres choses, que les jeunes endossent leur part de responsabilité. Et il ajoute (c’était avant qu’on découvre que Sarko s’était un chouilla avancé en parlant de cambriolage) que bon t’as pas à courrir quand tu vois la police de toute façon, et que on est prompt dans ces banlieues à s’émouvoir sur la mort de jeunes mais rien pour le vieux tabassé devant sa famille pour un apn (oui c’est vrai).
Selon Bobby, on ne peut pas dire que les propos de Sarko (1. karcher 2. racaille 3. je persits ete je signe 4. pas d’excuses 5. la mosquée et le cambriolage 6. la racaille etc etc) soient à l’origine de ces débordements.
Faisons le point :
si on explique tout par le contexte, on rejette la faute sur les autres, c’est trop facile, sur ce point je suis d’accord avec Rodrigo, y a une irréductible part de responsabilité à penser dans les actes de tout être humain, sinon on nie son libre arbitre
partant de là, une culpabilité de ceux commetant des crimes, bien sûr après à charge pour les juges ou le législateur de qualifier ces crimes et d’en pondérer la gravité avec un contexte. Etrangement, ces émeutes ont eu pour résultat un engagement du chef de l’Etat contre la discriminations, des annonces pour un rétablissement des crédits aux assoc, bref une réaction à un problème rappelant le fameux “je vous ai compris”. Or cela signifie : votre colère n’est pas sans fondement. C’est pas moi qui le dis, ce sont les hommes politiques, par leurs annonces et promesses d’action.
On en arrive à ce paradoxe : ces jeunes sont responsables et coupables de certaines actions, et pourtant les pouvoirs publics, qui les sanctionnent lourdement (cf Sarko), en comprennent les motifs et y apportent des solutions.
Continuons : quel rôle a joué Sarko ?
Il n’est pas coupable des agissements des jeunes, c’est une évidence. Ila néanmoins une double responsabilité :
comme représentant de l’Etat, il n’a pas à utiliser un langage grossier. “Oui mais faut appeler un chat un chat”. En l’occurence c’était plus performatif : les discours de Sarko ont précédé les actes. Je comparais ça à Sharon qui en son temps provoquait en allant sur l’esplanade des mosqués. Depuis Sharon oeuvre partiellement pour la paix et tant mieux mais cette action là avait une portée symbolique : effectivement comment le seul fait de poser ses pieds qq minutes là peut-être dit responsable de l’Intifada ? Comme provocation. Or quand on provoque,c’est en connaissance de cause. La provocation a une double face : on donne des gages à son camp (les électeurs de droite) et on menace l’autre camp, qu’on créé d’ailleurs par cet acte même dans le cas de Sarko (oui surprenant cette solidarité interbanlieues ?) Alors certes Bobby c’est la goutte d’eau, pas les verres versés dans le vase, mais tant que ça déborde pas tu peux écluser (quelle magnifique métaphore filée)
plus fondamentalement sa responsabilité je la vois dans son action politique : donc des actes et pas seulement des paroles. pourquoi quand on est gamin courre t’on quand on voie la police (si on a pas fait de conneries ce qui était le cas pour les trois pauvres jeunes) ? Parce qu’on a peur ? On a peur de ce qu’on connaît pas. Pourquoi ne connaît on pas les flics quand on a 14 ans ? Parce qu’ils viennent et s’en vont ? Pourquoi ? parce que la police de proximité a été supprimé par Sarko avec moulte publicité. Parce que jouer au foot, c’st pas la mission première de la police, sa mission c’est d’élucider des enquêtes. Triste retour des choses que ce soit à la sortie d’un match de foot que ces jeunes ont fui, que ces jeunes ont péri.
la responsabilité de Sarko est donc double : par ses mots il a une co-responsabilité, comme agitateur, provocateur (on a plein d’exemples en histoire de provocations verbales qui entraînent au-delà), mais surtout par son action même dont il se vante tant : la lutte contre l’insécurité, véritable échec. Il est comptable, sinon de ses mots, au moins de ses actes. Là il a failli.
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