Evaluer, juger, trancher, diaboliser, avoir peur, éliminer (…) un candidat (Sarkozy)
Considérations sur le jugement citoyen
Les raisons de voter et ne pas voter sont nombreuses.
Le nouveau nom de la critique en France est la “diabolisation”. La diabolisation sous-entend que le débat porte avec excès sur le personnage plus que sur les idées. La diabolisation est un processus excessif par lequel serait changé en diable, en personnage inquiétant, dangereux, néofasciste ou post fasciste ou fasciste tout court, un individu. La diabolisation c’est l’autre qui la fait, autrement dit la diabolisation c’est pas de la faute du présumé diable. Mais le terme diabolisation est un terme aussi retors que le processus. Dans la diabolisation le sujet de l’énoncé est différent du sujet de l’énonciation. Mais l’emploi du terme réitere cette distinction énoncé / énonciation, car c’est jamais celui qui diabolise qui dit qu’il le fait. Bref le sujet qui énonce l’énoncé « diabolisation » est le même paradoxalement que celui qui est l’objet de la diabolisation, preuve que le diable a la langue encore prête à l’emploi, et que tout se confond. Il faut donc remettre de l’ordre (et juste de l’ordre justement) dans la critique. Et arreter de crier au diable ou au mauvais sort à la moindre critique.
Saint Just disait :
“Tout le monde veut gouverner, personne ne veut être citoyen. Où est donc la cité ?”
Le citoyen est au moins dans la posture consistant à sortir de la stricte considération de ses intérets particuliers pour les médiatiser au travers de ce qui peut se construire comme intéret général. L’intéret général est certainement une fiction, un mettre ensemble, mais elle est nécessaire pour débattre, réflechir, trouver des idées qui soient acceptées, et pas opposer des groupes aux autres. Cet intéret général est raisonné et non fantasmé. Le populisme est une dérive de l’intéret général, consistant faire plaisir au plus grand nombre, à court terme.
Le citoyen toutefois n’est pas un expert des choses économiques, il doit donc avoir des informations crédibles. Etre citoyen c’est aussi faire l’effort d’une information intelligente. Etre citoyen c’est exiger que cette information existe. Etre citoyen c’est réclamer une totale indépendance des presses. Des presses car il est normal qu’existent des presses aux idées divergentes, tant qu’elles ne se subsument pas à des intérets camouflés dissimulés derrières des édito lénifiants. Le citoyen veut qu’il y ait une presse de gauche ET une presse de droite, il veut que la presse de gauche sans mauvaise foi fasse son travail d’examen, de relais et de critique et que la presse de droite puisse faire de même. Le citoyen alors a pour première exigence pour être citoyen qu’aucun homme politique en se permette d’exercer des pressions sur un journaliste quel qu’il soit, quelque virulent que ses articles soient.
De ce point de vue les nombreux échos, confessions off, etc de journalistes laissent craindre quant à la liberté de ton vis-à-vis de Sarkozy. Je ne reviens pas sur les conditions d’organisation du débat entre Royal et Bayrou.
Je vais laisser de coté ces éléments. Comme l’énonce le titre il y a une multitude de postures possibles vis-à-vis d’un candidat. La peur n’est pas un sentiment citoyen, car le citoyen est fort de ses convictions et déterminé pour ses idées. La diabolisation est l’anathème porté par celui qui se sent critiqué. Il s’agit de la caricature de la posture critique, je ne la revendique pas donc. L’évaluation est ridicule, comme l’ont été les notes decernés par on sait pas trop qui sur on ne sait pas trop quels critères. La docimologie est la science de l’évaluation qui consiste à dire que celle-ci est peu fiable, autrement dit la docimologie est une science inévaluable avec certitude et donc peu interessante. Les notes sont révélatrices mais leur précision les rend plus ridicules qu’un sondage. La note est le substitut du débat argumenté, et l’éclatement du choix de société en une multitude de points non pondérés et qui ne font pas systeme sinon dans la note. L’évaluation est la perte de substance du débat. Je ne vais donc pas noter des candidats.
Il s’agit de faire oeuvre de jugement, de peser des arguments, en sachant toutes les limites car se mêlent les aspects personnels d’un candidat et ses idées, la crédibilité des propos (les promesses n’enggent que ceux qui y croient dit un dicton en politique), la pondération du dit par le fait. Ce n’est pas parce qu’une mesure est énoncée qu’elle est pensée et crédible. Un exemple : quand Sarkozy dit vouloir baisser de 4 points en 5 ans le niveau des prélévements en France, il dit une bêtise. Il n’en tient plus compte aujourd’hui, se contentant de parler d’une baisse d’un point. Alors le jugement doit aussi tenir compte du fait qu’une idée n’est pas forcément valable pour toujours, elle peut valoir le temps d’un discours, d’une campagne, d’un mandat, d’une vie. Les idées ont une durée, comme les actions. Comment savoir que l’idée st conforme à l’intention d’un candidat : là il est impossible de trancher mais la considération de son passé politique, de ses actions, des discours de ses soutiens, est une indication
Enfin dernière limite : quand bien même on aurait les meilleures idées du monde, le monde justement peut avoir subi un changement brutal qui les rend immédiatement caduques. Les idées sont historiquement assignables. Une idée n’est pas géniale ou mauvaise dans l’absolue, elle l’est compte tenu d’un contexte.
Autrement dit la précision d’une idée n’est pas toujours décisive. Ce qui compte est le projet qu’il y a derrière.
je suis daccord avec Sarkozy quand il parle de “projet de société”. Il s’agit bien d’un projet de société, d’une vision de la société, de valeurs. Une vision aussi des termes du débat.
Jugeons donc, en citoyen.
récapitulons : jugeons, en citoyen, en se contentant des informations disponibles aujourd’hui.
Jugeons quoi ? Un mix d’idées, de valeurs, de dits et de non-dits, de parcousr personnels, de continuité des propos et idées. Une proposition ne doit pas être prise pour engagement signé.