La force à la marge
Les gros bras font les fiers en Alsace : le maire d’Ensisheim a reçu pour sa courageuse initiative le soutien d’Alsace d’Abord via Christian Chaton, conseiller général.
Voilà son communiqué :
Au-delà de la méthode utilisée pour détruire ce campement insalubre, la seule question qui doit être posée est pourquoi l’Etat et sa justice tolèrent-ils sur notre sol la présence et les activités parfois délictueuses de clandestins et de bandes organisées venant des Balkans et de certains pays de l’Est ?
Curieusement, comme pour le phénomène des voitures brûlées et de la guérilla urbaine, ce genre de problème n’existe qu’en Alsace et pas chez nos voisins allemands ou suisses. La conclusion est limpide : L’Etat français, de part son attitude laxiste, est le premier responsable de l’insécurité en Alsace.
Christian CHATON - Conseiller général du Haut-Rhin ( Alsace d’Abord)
“au delà de la méthode utilisée” = Donc qu’importe qu’en ce moment le thermomètre affiche des températures autour de 0, que mettre le feu sans décision de justice à des barraques rassemblées à la pelleteuse est un acte barbare, que comme l’affirmait une habitante de ce village au JT France 2, “ce ne sont pas des chiens”, non au-delà du cas de ces 6 familles, …
Mais le délinquant est le maire (l’insécurité est dans ce geste de mise à feu d’habitations en hiver sans autorisation judiciaire), qui fait le fier ensuite assis à son bureau devant les caméras (JT France 2) et qui a lui-même semble t il jeté la première allumette, en chef de meute. L’UMP devrait se débarasser de ce genre d’individus, qui jete le discrédit sur une formation politique importante.
Cette situation était ancienne puisqu’on apprend que :
En 2001, deux tas de purin avaient été déversés sur les chemins menant à un campement illégal dont la mairie tentait d’obtenir l’expulsion. Certains riverains avaient assuré que c’était une camionnette de la commune qui avait déposé le lisier. Cette version avait été démentie à l’époque par Michel Habig, qui avait également assuré que la coupure d’un câble électrique alimentant le campement par une tondeuse de la mairie «n’était pas un acte volontaire».
Donc il y a visiblement un crescendo : d’abord des actes mesquins, puis la mise à feu. Qu’est ce qui pousse un maire UMP à surenchérir dans les actes délictueux ? Est-on là face à un maire qui a pété les plombs, dans une région déjà bien à droite, et qui s’est certainement monté le bourrichon avec certains habitants ? Cette mise à feu, illégale et qui va certainement lui couter son poste (je ne vois pas comment après cette perte de sang froid on peut conserver des responsabilités civiques), n’a évidemment rien à voir avec le délogement des squatts parisiens sur ordre du préfet (ou Sarko) puisque là il y a respect d’une procédure légale, ni avec le raidissement du discours sur la sécurité et l’immigration. Le point commun réside cependant dans l’usage de la force pour déloger des indésirables en même temps marginaux. Les camps de roumains en bordure parisienne peuvent faire l’objet du même traitement mais avec autorisation (ce qui change beaucoup toutefois).
La crainte : que le pouvoir se fasse la main sur les marginaux, car personne ne réagit (google news : 14 articles connexes 2 jours après, bref un fait divers qui ne semble intéresser personne et qui explique le peu d’infos sur cette histoire à ensisheim).
La thèse des “lieux désertés” ne semble pas tenir la route : on apprend que les roumains sont le lendemain allés chercher leur permis de conduire à la mairie. Si je “déserte les lieux” je n’y laisse pas mes papiers.
le maire dit :
«Les lieux avaient été désertés. Il était très difficile de mobiliser des bennes pour évacuer tout ça. Ç’aurait été beaucoup de frais pour la commune. Pour réduire le volume, nous avons décidé d’incendier les caravanes, ou plutôt les carcasses, car tout était insalubre. Si j’avais su que cette affaire allait prendre cette ampleur, je n’aurais pas fait ça. C’était simplement une question d’efficacité.»
Une simple question d’efficacité… Un problème : la présence de Roumains dans un campement illégal. Une solution : brûler leurs maisons et effets personnels. Ce type n’est pas un obscure maire d’Alsace très à droite comme il y en a plein, il est vice président du conseil général. Ce discours énonçant des solutions faisant fi de l’humanité des gens que l’on laisse sans papier, sans maison, sans se soucier d’un éventuel relogement, ou même d’une reconduite en Roumanie, ce discours et les actes qui vont avec, ne correspondent pas au minimum permettant de définir une droite républicaine.
Les Roumains n’ont pas porté plainte. C’est le secret de la réussite de la force à la marge; dans une situation déjà illégale, ces Roumains ne portant pas plainte.
Il est évident que la France connaît une radicalisation des pratiques de certaines composantes de la droite : les marginaux sont le terrain d’expérimentation de cette nouvelle droite. Sarko avait commencé avec une criminalisation accrue des mendiants et des prostituées; les immigrés sans trop de papiers sont l’objet d’une focalisation de la politque sécuritaire. Un maire UMP brûle sans préavis ni autorisation de smaisons de Roumains. Cette droite montre ses biceps face aux plus faibles et devant le peu de réaction se sent légitimé à aller toujours plus loin.