Frêche a t il sa place au PS ?
Poser la question est déjà y répondre. Qu’il flatte un électorat vieillissant mais encore très présent en Languedoc peut sembler relever du calcul électoral mais à la rigueur, quel élu peut clamer son désinteressement complet des différents groupes constitués ? Qu’il en vienne à insulter une autre catégorie, de façon blessante, pour s’attirer les faveurs de l’électoral Pied-Noir est à la fois stupide et vil.
Je cite ses propos même si ça fait mal d’être socialiste :
«Vous faites partie des harkis qui ont vocation à être cocus jusqu’à la fin des temps […] Vous êtes des sous-hommes ! Vous n’avez rien du tout, vous n’avez aucun honneur !»
Le registre des insultes : cocu, sous-homme, honneur.
Les Harkis sont ces Algériens souvent provenant du monde rural, souvent réquisitionnés sans tact par l’armée française pour se battre contre l’Indépendance de leur propre pays. Pour une majorité on ne peut parler de choix, au sens des collaborateurs français de la seconde guerre mondiale, puisqu’ils ont été, souvent par villages, incorporés par l’armée française et pas volontaires. Traîtres aux yeux des autres Algériens, ils ont dû quitter la France avec les Pieds Noirs. La France les accueille alors, d’abord dans des camps d’hébergement, puis dans des lotissements spécifiques dans certains villages le long de la Méditerranée, avec parfois des emplois. Un officier détaché dans les villages est chargé de leur suivi. Ils ne peuvent revenir en Algérie, pays qu’ils n’ont choisi ni de trahir ni de quitter. Cela a eu lieu il y a 44 ans.
Ce rapide rappel pour faire ressortir le côté abjecte des propos de Frêches. La raison de sa déclaration publique : une interpellation publique sur des logements. La requête est peut-être exagérée, mais la réponse de Frêches exige une sanction ferme de la part du PS : il doit y avoir un ensemble de valeurs telles que celui qui les méprise soit viré. Cela n’a rien à voir avec le volte face de Fabius sur le non au référendum : il s’agissait là d’une option politique différente de la ligne votée par les militants, mais défendable d’un point de vue de gauche. Les lignes doctrinales sont faites pour évoluer. Mais un peu comme pour la déclaration des droits de l’homme placée en préambule de notre Constitution, manière de dire : quelles que soient nos discussions, voici des principes fondateurs et desquels on ne s’écarte pas à la légère, certaines choses devraeint être considérées comme relevant d’un autre registre que le débat d’idées, au moins à gauche. Dehors Frêche, ou le PS se fait complice !
Je passe rapidement sur la couardise de Jacques Lang qui n’a « pas entendu » alors qu’il était présent. Le minimum eût été de se lever et de partir, une attitude digne d’un candidat à la présidentielle de condamner, après éventuellement, et peut-être aussi, sur le moment, d’hésiger le micro, des excuses. Les personnes présentes auraient peut-être sifflées, mais Jacques Lang en serait sortit grandi. Bref même du point de vue du calcul stratégique en vue d’un positionnement comme présidentiable, sa passivité ne se comprend pas.
Petite objection que je me fais, comme ça en passant : suis-je partisan d’une moralisation des attitudes politiques ? Couardise, respect, courage, … j’emploie des mots qui semblent excéder des problèmes politiques. Je sais pas trop, c’est difficile, disons provisoirement que pour qu’un débat politique républicain puisse avoir lieu, il faut que certaines conditions soient assurées. La confiance par exemple : pas une idée politique, mais une condition pour que je crois au discours ou idées politiques de celui qui me les présente. Si Lang devant un président de région feint la surdité passagère, comment puis-je avoir confiance en sa capacité à repérer des exactions commises par un gouvernement étranger, ou son courage à adopter une attitude ferme ? Le respect : si un président de région méprise une catégorie d’opposants, non pour leurs idées et revendications, mais pour leur appartenance à une catégorie historique (imposée par la France de sucroît), comment puis-je espérer qu’il les traite avec impartialité ? Je sais pas trop.
PS : il paraît qu’il s est excusé mollement, je ne pense pas que cela change grand chose
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