Les tribulations sarkozystes
N. Sarkozy, malgré ses multiples apparitions, phrases choc, petits mots, gesticulations, alliés, actions d’éclat ponctuelles et souvent non suivies d’effets, a souvent recours aux mêmes artifices argumentatifs.
Il a été interpellé dans je ne sais plus quelle émission par un “jeune” à qui il reprochait son manque de correction linguistique, lequel le renvoyait à Lilian Thuram, footballeur international, défenseur central à la juve, qui tacklait (c’était trop beau) Sarkozy via afp :
«Moi aussi, j’ai grandi en banlieue. Quand quelqu’un dit il faut nettoyer au Kärcher…Il ne sait peut-être pas ce qu’il dit, Sarkozy. Moi, je le prends pour moi. Qu’est-ce qu’il faut nettoyer? Moi aussi on me disait “Tu es une racaille”. Mais je ne suis pas une racaille. Ce que je voulais, c’est travailler. Il n’a peut-être pas saisi cette subtilité»
Donc Thuram qui qui critique les errements sarkozyste, et le prend pour lui, s’identifie.
Là Sarkozy reprend le type d’argumenaire de Di Méco, ex-star des fourailleurs de tibias de l’OM. Oui Di Méco, footbaleur qui ne se distinguait en interview ni par son engagement (politique) ni par la précision de ses analyses, … est devenu adjoint au maire UMP à Marseille, responsable de l’animation des jeunes des” cités” de Marseille. Di Méco répond :
« Dire ce que Thuram a dit est criminel. Dire que le feu brûle ou que l’eau mouille, ce n’est pas très utile. Je connais bien Lilian Thuram pour avoir joué avec lui. J’espère qu’il viendra à Marseille s’occuper des banlieues, je lui laisserai ma place. Après ce qu’il a dit, il doit avoir de bonnes idées sur la banlieue.»
Ah on sent la remarque amicale.
En gros, au lieu de critiquer, viens voir sur place, moi j’agis. (j’ai pas compris le passage sur l’eau qui mouille = il veut dire que Thuram a raison mais qu’il faut pas le dire ?). Déjà c’est marrant c’est la première fois que j’entends Di Méco s’exprimer et j’apprends qu’il est adjoint ce jour là. Ca sent l’intervention télécommandée. Vérification faite sur google news : y a pas d’autres dépèches ou articles sur Di Méco et son action à Marseille. Un footballeur pour répondre à un footballeur, ah l’UMP quel art de la communication !!! Comme ca on sait bien que Thuram n’est que footballeur. Bon ils ont pas de champion du monde en réserve, ils n’ont que le champion des cartons jaunes (Di méco était certes international) mais ça a fait l’affaire, en attandant le coup de grâce sarkoziste.
Qui vient là :
«Qu’est-ce qu’il vient faire Lilian Thuram là-dedans ? Lilian Thuram c’est un très grand champion de football qui gagne très bien sa vie et ce n’est pas un reproche. En quoi est-il concerné par cela ? Lilian Thuram, que je connais et que j’aime bien par ailleurs, ça fait bien longtemps qu’il n’habite plus dans ces quartiers»
Oui, oui circulez y’a rien à voir. Lui Sarko il a grandi en banlieue, il y a des tonnes d’amis, nan je vais pas rentrer dans ce jeu là.
Bon déjà Thuram comme il gagne beaucoup d’argent il y connaît rien aux problèmes des pauvres. Que la remarque s’applique à Sarko lui-même, que Thuram ait été fait membre du Haut Conseil de l’Intégration, organisme dépendant du Premier Ministre, où il cotoie un maire, des éditorialistes des grandes revues françaises (Le Point, Esprit, ..), des professeurs d’Université, qu’il ait grandi en “banlieue”, qu’il n’hésite pas à prendre parti sur de nombreux sujets d’actualité et surtout que des jeunes se soient reconnu dans sa parole, tout cela Sarko le dénigre : footballeur qui gagne de l’argent, qu’il se taise et laisse faire Sarko. Da’illeurs au motif qu’ils ne vivent pas en banlieue tous les autres politiques, sauf sarko, doivent aussi faire silence. Les sociologues aussi, qui ne vivent pas en banlieue. Sarko établit un lien direct entre lui et le peuple, et personne d’autre n’a légitimité à parler, car ils n’y connaissent rien et ne savent que mettre en avant leurs grands principes “droit de l’hommiste”, alors que les pauvres gens veulent juste vivre en sécurité.
Bref la technique sarkoziste vise à faire taire tout le monde pour être seul à parler, en dénigrant non le message des autres interlocuteurs, mais leur posture, le lieu d’où ils parlent, bref leur légitimité à avoir un avis et à parler.
J’exagère ? Allez, un autre sujet bien moins grave : les tribulations amoureuses de sarko. Loin de moi l’idée de m’intéresser à ses affaires de coeur. Mais quand la sortie d’un livre sur Cécilia est reporté après une colère de sarkozy (cf Libé), quand un journaliste de Paris Match se sent menacé car il a publié en une une photo de Cécilia avec son agent de pub (ce qui a fait exploser les ventes), on sent aussi cette volonté de faire taire les bruits parasites.
Allez un dernier exemple : revenons au point de départ : ce même jeune (désolé pas retenu son prénom et nom) qui s’exprimait : sarko le coupe : c’est comme ca que vous parlez !! pas étonnant !! apprenez à vous exprmer correctement !! Encore une fois les circonstances du discours, pour éviter le message lui-même.
Et comme y a plus de voix discordantes légitimes, cette autre farce : il dit tout haut ce que les français pensent tout bas, accoucheur de pensées.